09/10/2025
"Je vous écris à vous —
ceux qui avez refusé de détourner les yeux,
ceux qui ont donné de leur temps, de leur voix, de leur cœur,
pendant que les puissants donnaient des armes."
Lettre d’un Palestinien en exil à l’humanité qui n’a pas abdiqué
Je vous écris depuis mon exil —
entre la nostalgie et la honte d’un monde qui regarde ailleurs.
Je n’ai plus de maison, plus de terre, plus de mer,
mais j’ai encore ma langue, mes souvenirs,
et cette rage polie qu’on appelle dignité.
Je vous écris à vous —
ceux qui avez refusé de détourner les yeux,
ceux qui ont donné de leur temps, de leur voix, de leur cœur,
pendant que les puissants donnaient des armes.
Vous avez été l’honneur de l’humanité.
Celle qui ne se vend pas sur les plateaux télé,
ni dans les conseils de sécurité.
Pendant que les diplomates calculaient les équilibres géopolitiques,
vous comptiez les morts.
Pendant que des influenceurs prêchaient la paix avec des filtres dorés,
vous, vous pleuriez sincèrement des inconnus.
Et rien que pour ça : merci.
De mon exil, je regarde ce monde
où la compassion s’use plus vite qu’une batterie de smartphone.
Et pourtant, vous êtes encore là.
Têtus. Indécrottables. Magnifiques.
Vous manifestez sous la pluie,
vous boycottez entre deux factures,
vous répondez aux trolls avec des faits —
ce qui, de nos jours, relève de l’héroïsme.
Ne croyez pas que c’est inutile.
Chaque mot que vous écrivez,
chaque pancarte que vous tenez,
chaque silence que vous refusez —
c’est un caillou dans la chaussure de l’injustice.
Et je vous assure : à force de cailloux,
même l’oppresseur finit par boiter.
Le combat est long, oui.
Mais il dépasse la Palestine.
Il parle de ce système planétaire
qui écrase les faibles, repeint ses crimes en stratégie,
et appelle ça ordre international.
Nous sommes devenus le miroir du monde :
ce qui se passe ici n’est pas un conflit,
c’est un test.
Un test pour savoir combien de temps
l’humanité peut regarder l’horreur sans devenir complice.
Alors tenez bon.
Continuez à déranger, à douter, à aimer à contre-courant.
Ne laissez pas la normalité anesthésier vos consciences.
Parce qu’à la fin, ce combat n’est pas entre Palestiniens et Israéliens,
mais entre ce qu’il reste d’humain en nous
et ce que la puissance aveugle veut nous faire devenir.
Le jour où la Palestine sera libre —
et elle le sera, ne serait-ce que par entêtement —
on vous accueillera à bras ouverts.
On fera une fête que même les étoiles viendront regarder.
On dansera, on rira,
et on racontera aux enfants qu’au milieu du désastre,
des gens, quelque part,
ont refusé d’être indifférents.
Et ce jour-là, peut-être,
on cessera enfin de vous appeler les soutiens de la Palestine
pour vous appeler tout simplement :
les survivants de l’humanité.
Avec tendresse, ironie et poussière dans la gorge,
Un Palestinien en exil, toujours debout.